30.1.11

L'exemple viendrait-il de Tunis ?

Il n'est pire sourd que celui qui ne veut rien entendre...
Depuis des décennies, le PCF ou l'Humanité dénonçaient la dictature de Ben Ali, alertaient sur les droits de l'homme, sur la surexploitation de cette réserve de main d'oeuvre bon marché, etc, etc. Mais nous prêchions dans le désert ! Car tout, je dis bien TOUS, faisaient mine de ne rien (sa)voir.
Ils y sont tous allés, la droite bien sûr, mais aussi le PS qui n'avait de mots plus élogieux sur le régime au prétexte un peu tordu qu'en Tunisie, au moins, l'islamisme ne menaçait pas. Delanoé y passe toutes ses vacances (l'excuse d'y être né empêche-t-elle le regard critique sur un régime ?) Il n'y a pas deux ans, Strauss-Khan vantait les mérites de l'économie tunisienne... Sarkozy racontait les progrès réalisés dans la démocratie tunisienne... La presse n'avait d'yeux que pour le boum économique de ce tout petit El Dorado pour capitalistes avisés...

Or, un beau jour de janvier 2011, les Tunisiens se révoltent, ils en ont marre de vivre dans la terreur, du chômage, de la famine et de l'absence de perspectives d'avenir.
Et là, comme soudainement éblouis, il réalisent tous, je redis bien TOUS que Ben Ali était le bourreau de son peuple. Ce qui m'a fait le plus rire jaune, c'est la bande-annonce de l'émission "Envoyé spécial" titrant sur la dictature tunisienne... Une révélation !
La Tunise a été instrumentalisée au profit de la famille Ben Ali et des actionnaires des entreprises européennes. L'uniforme de l'armée du colonialisme économique portait le costume cravate et le quartier général se situait à la Bourse, mais cela reste du colonialisme...

Un peuple se libère... D'autres ont l'air de vouloir aussi leur part de liberté... Mais nous, petits Français bien au chaud, la tête dans l'édredon du prêt à penser, faisions comme si... nous étions des dizaines de milliers à profiter du tourisme bon marché à force de sous payer les Tunisiens... Aujourd'hui tout le monde se réveille, c'est pitoyable. Que n'avez-vous lu l'Humanité ces trente dernières années ? Que n'avez-vous écouté les militants du PCF qui exigeaient tant et plus pour la libération des prisonniers politiques,(à commencer par le journaliste Taoufk Ben Brick) ?

La Tunisie devrait servir d'exemple à plus d'un titre :
1 - il faut toujours se méfier de la presse et garder le recul nécessaire pour "comprendre" les informations diffusées.
2 - il y a des gens (partis, organisations, citoyens...) qui se battent pour des causes justes. Il faut savoir leur prêter l'oreille.
3 -Le peuple peut toujours et à tout moment se libérer du joug de l'oppresseur.
4 - ce qui est valable en Tunisie l'est aussi en France.

16.1.11

l'héritière

Aaaahh... La valeur travail ! Quel superbe détournement de sens... Au nom de cette belle idée, on libère les transmissions de patrimoine. Les grosses fortunes pourront se léguer sans entraves. Il faut désormais respecter la richesse accumulée, forcément par le fruit d'une vie de labeur...
Bon, OK, ils sont ultra-rarissimes ceux qui ont bâti une fortune colossale de leurs propres mains, car c'est du labeur des autres dont on parle, faut pas déconner ! Ces fameux autres qui ont trimé et sué pour des salaires de misère afin de rentabiliser le capital. A chaque baisse de salaire, à chaque plan social... Hop ! les cours remontent en bourse.
Et lorsque ce ne sont pas les ouvriers qui ont bossé, c'est le pognon... Ces gens-là font travailler leur argent. Si, si, si... Mais n'allez pas croire que les ouvriers ont disparu du système d'exploitation qui a fait la fortune des propriétaires, ils ont simplement changé d'endroit. Nous ne les voyons plus en bleu de travail dans nos rues proprettes, mais ils existent ailleurs, en Afrique, en Asie en Europe de l'Est... encore plus exploités.
Ce qu'ils ont dû en baver, ces pauvres actionnaires à pianoter sur leur calculette, à scruter les pages spécialisées des cours de la bourses, à passer des coups de téléphones pour lancer leurs OPA... C'est pour cela que ce dur labeur doit être respecté ! A leur mort, les enfants hériteront. C'est tout.
Or, ces héritiers, qu'ont-ils fait à part se donner le mal de naître ? Avec Sarkozy, ce n'est pas le travail que l'on respecte, c'est l'argent.

Et c'est pareil en politique... Je ne parle pas, évidemment, de ceux qui se sentent la responsabilité de poursuivre l'oeuvre politique de tel ou tel (ce sera l'"objet d'un prochain billet d'humeur), je veux traiter de ceux qui considèrent qu'un parti politique est une entreprise familiale, bâtie sur un nom !
Il en est de nombreux exemples, y compris dans les villes de moyenne importance ou, sans programme, sans passé, sans avoir rien fait que d'exister, on se sent pousser des ailes, simplement parce qu'on porte le nom de papa. C'est court comme programme, mais cela a déjà fait ses preuves.
Mais fi de ces gagne-petit, je veux parler ici de l'Héritière en chef !
Nos médias préférés nous le prédisaient depuis des lunes : la fille Le Pen hérite du poste de son facho paternel ! Mazette... Quel non-événement ! Le racisme sera-t-il moins virulent quand il sera porté par une crinière blonde ? Le capitalisme le plus échevelé sera-t-il moins cruel parce que défendu par une femme ? L'exclusion sera-t-elle plus douce dès lors que son égérie sera plus agréable sur les plateaux télé ? Les gars de la Marine organiseront-ils moins de ratonades ? Moins de chasses aux pédés ? Moins de saccages de camps de Rroms ?
Le FN restera le F-Haine. Point barre. L'utilité de ce parti c'est justement de détourner l'attention des vraies questions sur l'exploitation des peuples. C'est bien pourquoi, nos médias préférés surjouent la carte Marine. La presse, dont l'essentiel est l'instrument des riches propriétaires pour faire perdurer le système qui les rend riches, va continuer à organiser le nuage de fumée qui pique les yeux et empêche de voir la réalité du monde.

Pour hériter du pognon sans entrave, il faut parfois aussi hériter d'un patronyme, comme d'une sorte de label. Même s'il est nécessaire, partout, de tourner certaines pages pour enfin écrire un autre livre.

5.1.11

Mélenchon : rêve ou cauchemar de l'autre gauche ?

Dire qu'il y a quelques mois, je m'apprêtais à rejoindre les rangs du Parti de gauche, créé, géré et dirigé par le très médiatique Jean-Luc Mélenchon ! J'en suis revenu.
Militant au PCF depuis tant et tant, j'en avais plus que soupé de sa relative lourdeur, du grand écart entre les idéaux et la réalité de gestion... Puis, osons l'avouer, je me suis laissé séduire par le nouveau produit dont les médias faisaient la promo, justement parce qu'il les fustigeait, justement parce qu'il n'avait pas la langue de bois, justement car il me rappelait des attitudes "à la Marchais". Bref, j'adorais ce type... Et j'apprécie encore aujourd'hui son verbe, ses idées atypiques et ses propositions politiques.
Mais voilà, la réalité vient reprendre le dessus.
De plein d'endroits me remontent les difficultés sur le terrain avec un trop grand nombre de représentants du Parti de gauche. Que ce soit dans la gestion des exécutifs (par exemple, en Ile de France, le PG ne siège pas dans le groupe Front de gauche. Cherchez l'ereur) ou dans la menée d'actions publiques ou encore dans la préparation des cantonales à venir (pas d'accord dans le 93, gros problèmes dans le 94 et tensions dans le 77...) Ailleurs, vous me raconterez comment ça se passe !
Dans de nombreux endroits, les militants du PG sont issus du PS. La plupart l'ont quitté pour s'affirmer "plus à gauche" ou pour refuser les logiques internes, voire locales, de pouvoir. Force est de constater que, de ce point de vue, ils semblent en avoir garder tous les stigmates. A tel point qu'à Pontault-Combault, là où je vis, cela semble très compliqué de mener une alliance. Dès le mois de juin dernier, nous avons tenté de mener la bataille des retraites avec le PG. Cela n'a pas pu se faire. A la rentrée de septembre, rebelote : malgré les discours, impossible de mettre au point un tract ou une initiative en commun.
Pire, alors que dès avril dernier, mes camarades m'ont demandé de porter leurs couleurs pour les cantonales, nous avons proposé au PG local de mener cette bataille avec nous, en leur proposant la place de suppléant. Pour le moment, cela n'entre pas dans leur schéma. Ce que je trouve dommage, car nous partageons tant de valeurs humaines.
Mélenchon ne rate pas une occasion d'affirmer le plus grand bien qu'il pense des militants du PCF, alors que sur le terrain cela est tellement plus difficile. Je reste convaincu que Jean-Luc Mélenchon serait un excellent candidat du Front de gauche en 2012. Mais la preuve concrète de sa volonté de respect et de rassemblement de tous ceux qui souhaitent défendre une véritable conception de gauche des affaires de la cité, c'est d'abord au plan local que cela s'écrit. Si son objectif est de réaliser une belle OPA sur le parti fort et structuré qu'est le PCF, ce sera sans ses militants. Et sans moi, évidemment. Car même si mon parti est imparfait, il reste celui qui me donne le plus de gages contre le capitalisme.
Je ne désespère pas que le bon sens finisse par l'emporter. Si l'on ne peut s'entendre pour des actions, pour des luttes et pour des cantonales, comment serions nous crédibles pour porter un candidat commun pour mettre Sarkozy dehors dans un an ?