Clément Méric avait 19 ans.
Il est mort, roué de coups par un
groupe de fascistes.
Si les coupables directs sont,
certes, des individus qui devront répondre de leurs actes, en réalité, à notre niveau, nous
sommes tous responsables de ce drame.
Tous ?
Eh bien oui : tous !
Je commencerais par les médias,
évidemment, qui passent un temps considérable à dédiaboliser le Front National
et rendre banales et anodines leurs idées d’exclusion et de haine. Comme si
toutes les idées se valaient !
Ensuite, il y a les politiciens.
Ceux de Droite qui font mine de
s’offusquer qu’on les associe au FN, et pourtant… qui instille les thèses les
plus réactionnaires : anti mariage gay, islamophobes, anti pauvres,
xénophobes ? Qui a créé un ministère de l’identité nationale ? Qui
s’acharne contre le droit à l’avortement ? Qui revendique le retour de la
peine de mort ? FN et UMP n’ont pas la même carte dans la poche, mais ils sont
bel et bien les deux faces d’une même idée.
Ceux du Parti Socialiste. Pour
avoir instrumentalisé le FN déjà du temps de Mitterrand (après des années de
dénégations, les artisans de cette mise en avant de l’extrême droite l’avouent
enfin !). Le PS qui semblent avoir réalisé de troublantes tractations dans
le Vaucluse, laissant élire la petite Le Pen contre un siège de député PS
ailleurs.
Et aujourd’hui, voir Manuel Valls
pérorer au journal de 20 h que
l’extrême droite est dangereuse, quand on sait comment il traite les Roms, les
gens du voyage, les pauvres et les syndicalistes… Ses propos font le lit de tarés assassins qui, au bout d’un moment, croient
que l’exclusion est un mode de pensée « normal ».
Parfois même, ce
sont les habitants des villes voisines que l’on considère comme des envahisseurs
à refouler aux frontières du territoire local.
J’en ai tout autant au service de
mes amis, et de moi-même parfois, de laisser dire dans les repas de familles, les
pires débilités sur les races, sur les différences, sur la
« morale », sur les fonctionnaires… au nom de je ne sais quelle
« liberté d’expression », ou encore que « il n’y a pas de fumée
sans feu », ou encore « ce peuple est ceci, cette catégorie sociale
est cela », ou encore « laisse-le dire, c’est un con »… Ou
encore, qui n’a pas reçu via Internet ce genre de stupidités sans
réagir ?.. N’empêche, tout ça se dit, s’écrit, se pense. Et conduit
parfois à la mort.
Car la violence des gens
d’extrême droite est toujours tournée contre des êtres humains, parce
qu’ils sont différents : juifs, arabes, noirs, homosexuels, roms,
communistes, etc. Jamais contre le système et ses symboles. Le Capital sait bien diviser pour régner. Et ça durera tant qu'il y aura des médias et des politiciens collabos.
Les stratégies politiques qui
valident les thèses d’exclusion, tout comme nos petites lâchetés quotidiennes, conduisent
à ne plus
« faire société » et à légitimer le chacun pour soi, le
repli et l’exclusion.
Relisons « Matin brun » un tout petit
bouquin qui montre comment d’une lâcheté à un renoncement, on en arrive à la
mort d’un jeune type.
Il est grand temps que l’on se
reprenne collectivement. Que l’on surveille notre langage, que l’on surveille
le langage des autres, que nos attitudes soient conformes aux valeurs humaines
que nous sommes censés défendre.
2 commentaires:
Hello Antoine,
sur le fond du billet je suis d'accord, mais sur les événements qui ont causé la mort de Clément Méric, je suis plus partagé.
Les deux camps étaient prêt à en découdre, et les idées défendues ne justifient en rien la violence. Cela aurait aussi bien pu être un jeune extrémiste de droite qui aurait été tué. Et j'ai dans l'idée que le traitement de l'information n'aurait pas été le même, et c'est regrettable. Rien ne justifie la violence, les insultes, les menaces, de quelque bord que ce soit ...
Pour l’heure, ce qui explique la haine réciproque de Jean-Luc Mélenchon et de l’aile droite du PS, c’est le pari sur la fracture. Pari partagé. Le pari sur la fracture, c’est pourtant toute la gauche qui en paiera la facture. Engager une fracture irrémédiable avec la social-démocratie c’est rendre impossible tout combat culturel véritable contre les droites, c’est se condamner pour les deux camps à ne pas régler leurs contradictions, à camper sur des postures et à laisser la voie libre aux droites.
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