25.3.10

PARAPENTE ET/OU POLITIQUE ?

Un collègue parapentiste me suspectait (voir article précédent) de penser que le capitalisme était responsable de notre obligation de courrir pour décoller... Sans aller jusque là, il faut bien admettre que le capitalisme joue un rôle non négligeable dans notre sport.
D'abord sur le matériel. Au commencement du parapente, nous pouvions compter sur un grand nombre d'entreprises françaises de fabrication de voiles, de sellettes et autres accessoires... Combien en reste-t-il ? Très peu. Elles ont fermé une à une. Desormais, nous achetons du matos fabriqué dans les pays à main d'oeuvre bon marché (Chine, Corée, République Tchèque, etc). Les parapentistes, même ceux qui hurlent contre les délocalisations, sont contents d'acheter moins cher.
Ensuite la météo. Notre sport est tellement dépendant des conditions climatiques, que nous ne pouvons que déplorer le réchauffement de la planète et les dérèglements qu'il occasionne. Soit, il permet parfois de beaux thermiques inespérés. Mais combien de week-ends gâchés par une météo capricieuse ? Combien de phénomènes aérologiques incompréhensibles ? Toussaint 2009, mon club part voler en Andalousie. La sécheresse est impressionnante, des paysages sont ravagés par le tout tourisme et par la culture intensive (des serres à perte de vue pour assurer la présence de fruits et de légumes tout au long de l'année, partout en Europe). Des maraîchers occasionnels, venus de Roumanie ou du Maroc, y sont exploités de façon éhontée. Les parapentistes, même ceux qui hurlent contre la destruction des paysages, sont contents de trouver des tomates sans goût en janvier dans leur hypermarché.
Quelques semaines plus tard, les innondations ravageaient la région.
Etre sourd au mouvement du monde, être aveugle aux dégâts que cause le système, me semble contradictoire avec la philosophie qui sous-tend notre discipline. Le parapente est une façon de communier avc la nature, de tenter de la maîtriser tout en restant humble, car, en bout de course, c'est toujours elle qui commande.
Bon... J'en reste là. Car le principal, c'est de pouvoir se retrouver avec des amis, d'étaler nos jolis tissus multicolores, de s'harnacher correctement, de prendre son élan, puis de voler le mieux possible, d'essayer de comprendre le vent...
Que la nature est belle, lorsque nous sommes à quelques centaines de mètres du sol... On y voit les montagnes, les plaines, les rivières et les forêts. On y voit aussi la marque de l'homme, avec ses villes, ses routes, ses lignes de chemin de fer, ses usines parfois... Y a-t-il plus féérique qu'un vol d'automne sur les massifs mordorés, lorsqu'une fumée de cheminée nous indique le sens du vent ? Y a-t-il plus magique que de trouver le petit thermique qui nous autorisera à rester encore un peu entre ces deux mondes ? Y a-t-il plus grand espoir que de maintenir des activités humaines dans les campagnes, au creux des vallées ?
Décidément, j'aime le parapente.
Décidément, j'aime la politique.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bravo Antoine pour ce billet qui nous fait décoller tout en nous ramenant sur terre.
Est-ce par la conscience diffuse qu'en bas tout ne va pas si bien, que nous prenons tant de plaisir à voguer dans les airs ?
Est-ce un peu égoïste de fuir dans les nuages sans rien chercher à corriger sur terre ?

Heureusement, tu nous montres que l'on peut faire les 2. Satisfaire l'individu gourmand, sans oublier le monde !
Longue vie à Bloblo.

Philippe B.

Anonyme a dit…

Braouzec - une nouvelle recrue pour le parapente

voisin des Hantes a dit…

Superbe papier, Monsieur Blocier. Je ne vous connaissais pas cette activité, mais je trouve qu'elle vous va bien.
Je vous vois régulièrement dansle quartier et au bureau de vote. j'apprécie votre dynamisme et votre simplicité. Je découvre aussi un poéte qui a les pieds sur terre.

A toi de deviner a dit…

Tu persistes et tu signes ?
Au moins, on ne peut pas te reprocher de ne pas être raccord entre tes propos et des actes (pas comme la plupart de tes amis ! LOL).
Avec toi, au moins on peut discuter, c'est parfois hardu, assomant, passioné, mais toujours honnête. Surtout s'il on boit un coup après.
Ton ennemi de classe préféré.